Après le fracassant faux-bond de Vincent Peillon qui avait décommandé à la dernière minute sa participation à l’émission «A vous de juger», Martine Aubry va tenter de calmer le jeu avec France 2. La première secrétaire du PS a demandé à rencontrer Patrick de Carolis, le PDG de France Télévisions, pour discuter, plus largement, des débats politiques en France, et pousser sa proposition d’une discussion davantage portée sur les questions économiques et sociales, à deux mois des élections régionales.

Alors que Patrick de Carolis avait demandé, vendredi, à la dirigeante socialiste si le PS cautionnait le «coup» de l’eurodéputé, celle-ci a tenté d’adopter une position mesurée sur cette affaire : critiquer le déroulé de l’émission et le face-à-face à 21h30, entre Marine Le Pen et Eric Besson – «c’est dupond et Dupont», a-t-elle moqué, rapportant le bon mot d’un de ses proches –, tout en se démarquant de l’appel à la démission d’Arlette Chabot lancé par Peillon, «pas acceptable» selon elle.

«Réhabiliter un ministre ?»

«Sur la forme, si effectivement Vincent Peillon savait depuis quelques jours que l’organisation était celle qui avait lieu – ce qui n’est pas ce qu’il nous a dit – et si, il a organisé cela, à l’évidence, c’est non seulement incorrect mais ce n’est pas bien», a-t-elle reconnu, dimanche, invitée du Grand jury RTL-Le Figaro-LCI.

Prévenue un peu plus tôt, jeudi, de l’intention de l’eurodéputé de se désister, elle prend son parti: «Quand il m’a parlé de cela, je me suis dit: ce n’est pas possible qu’une chaîne de télévision, à 20h30, dans cette grande émission politique, au moment où il y a le plus de monde, invite Eric Besson qui a porté de manière honteuse pour la France ce débat (...), face à Marine Le Pen, dont on aimerait tous, dans ce pays, que le Front national n’existe plus.» Et la patronne du PS de s’interroger à voix haute sur l’objectif de cette programmation : «S’agissait-il de réhabiliter un ministre pour lui donner une image plus douce face au FN? Je n’en sais rien.»

«Les sujets qui intéressent les Français»

Flattant, au passage, des médias «qui jouent un rôle extraordinaire dans le débat démocratique», elle a donc appelé Carolis pour le rencontrer et «savoir comment sont organisés les débats dans notre pays» et la façon dont, à l’approche des élections, pourraient être abordés les «sujets qui intéressent les Français». Martine Aubry a déjà dressé une petite liste de propositions: le «chômage qui monte, la sortie de crise, l’avenir de leurs enfants, Copenhague qui a loupé, cette politique industrielle qu’il faudrait mettre en place», etc.

Selon les informations du Parisien, rendez-vous serait pris pour cette semaine entre le PDG et la socialiste qui souhaite obtenir la tenue, à une heure de grande écoute et sur une chaîne publique, d’un débat sur les problématiques économiques et sociales. Après avoir clos l’affaire Peillon: «Si avec cet incident malheureux, nous arrivons à poser cette question et bien cela n’aura pas été aussi inutile que cela, même si on peut en dénoncer la forme», concède Aubry.

*************************************************************************************************************

Si l'organisation du parti socialiste est à nouveau capable de rebondir sur des initiatives individuelles incomprises, pour montrer une position commune, sans sacrifier personne, alors tous les espoirs lui sont permis.